Le miroir fumant

Lors des fouilles archéologiques au Mexique on a trouvé beaucoup de plaques d’obsidienne, pierre volcanique noire, parfaitement polies. Certain codex parlait de miroir fumant, attribut du Dieu Tezcatlipoca appelé aussi Ennemi des deux côtés.  Il lui servait à voir dans le cœur des hommes. Ces miroirs noirs offrait l’image « inversée » de la « face noire » à celui qui le tenait devant lui. Symboliquement cette image est « le reflet vrai » de notre inconscient, le jumeaux maléfique des légendes, notre Méphistophélès de Faust.

Là se trouve dissimulés tous nos défauts, nos peurs, nos refoulements, nos compromis, nos trahisons. Le miroir fumant retrouve un formidable sens dans la chaise brulante utilisée dans les constellations familiales aujourd’hui. L’inconscient est certes la sommes de tout ce qui est sous notre champ d’attention, mais nous pouvons aussi le transformer en une école formidable. Si nous utilisons cette symbolique du miroir, cela va nous aider à créer un espace, une distance, entre mon inconscient et mon être. Entre celui qui pense et celui qui est. Je tiens le miroir en face de moi, mais l’image est dans le miroir, pas en moi.

« Qui observe ? » Je deviens à l’instant l’observateur neutre, sans jugement, sans implication, sans identification de mes réactions intérieures. Je vois les crises de colère, crises d’angoisse, chocs émotionnels, peurs de l’abandon, de la trahison, de la perte, du succès. Vu dans le miroir fumant, tout cela me semble plus étranger, comme distancié.

Je décolle ma souffrance, elle devient instantanément la souffrance.

Je prends conscience que ces réactions psychologiques sont provoquées par des circonstances extérieures, et n’ont donc pas à avoir le contrôle sur moi. Ce miroir crée un espace de réflexion dans tous les sens du terme. Réflexion de mon côté sombre. Réflexion de mon image inversée, « le moi à l’envers ». Réflexion de l’image que je croyais vraie. Réflexion sur moi-même, sur ma vraie nature. Cet espace me manque cruellement dans ma journée.

Je ne peux le créer souvent que le soir, tranquille, hors du temps, de ma vie effrénée et toute tournée vers l’extérieur, vers le temps, la forme. Si j’arrive à me servir de ce miroir, de le prendre en main, je crée cette distance salvatrice dans l’instant présent. Je l’auto-observe la main dans le sac, au cœur même de mon problème, de ma perte de conscience. Je reprends le contrôle de la situation quelque soit sa nature, son importance, son origine. Je deviens capable de prendre des décisions froides et justes pour moi, pour mon développement, loin de ce que la société, les autres, exigent de moi.