L'instant présent

 

Qu’avons laissé dans le passé ? Rien. Tous ce que nous avons vécu, ressentit, vu, gouté, aimé, c’est fait dans le moment présent. A l’instant T de l’évènement. Il nous reste des souvenirs de sensations, des images de lieux, de rencontres, mais elles appartiennent toutes au passé. Elles ne sont plus réelles. Nous passons d’ailleurs souvent de la réalité à la légende afin de mieux nous arranger avec certains faits encore trop douloureux ou que nous croyons plus heureux que le présent.

Ce n’est pas le passé qui nous à construit, à fait de nous ce que nous sommes, c’est l’instant présent vécu à ces époques. Ce sont toutes les expériences vécues dans le moment présent qui nous ont construites. Rien du passé ne peut nous construire car rien ne se passe dans le passé. Il est figé, verrouillé dans une image mentale fixe de notre mémoire affective.

De plus, ces images mentales sont soumises aux frustrations de l’époque, aux mal vécus du moment et deviennent un corps de souffrances réel et puissant qui influence au quotidien nos décisions et choix de vie. Et lorsque nous parlons d’expérience professionnelles ou personnelles, nous disons par-là que nous avons déjà vécu ceci ou cela. Oui, c’est vrai. Mais encore une fois, c’était au moment présent de l’époque. Et souvent notre expérience passée ne nous à pas ou très peu préparer à ce qui nous arrive au jour le jour.

Alors, tournons-nous vers le futur. Mais le futur n’existe pas encore. Ce ne sont que des projets, des désirs, des rêveries, des projections qui reposent sur du sable, car tout change, rien n’est stable et souvent nos beaux projets s’écroule devant la réalité du moment présent.

Un de nos gros problèmes est que nous ne vivons constamment que dans ces deux états psychologiques. Toujours hier ou demain, jamais ici et maintenant. Toujours dehors, jamais dedans. Nous sautons sans aucun contrôle conscient du film des souvenirs à la projection ininterrompue du désir de demain. Et le meneur de revue, c’est le mental. Le mental ne peut vivre sans cette dualité permanente, car dans l’instant, il ne sert plus à rien. Le mental se bat continuellement pour développer, renforcer, prolonger cet état de non présence. Il ne peut accepter d’aborder la vie brute, tel qu’elle. C’est la peur qui le pousse à analyser, juger, critiquer, classer l’événement au lieu de le vivre à fond. La réalité le terrifie. Et pourquoi ? Car le passé lui sert de référence, de bibliothèque dans laquelle il entrepose des solutions pour tout, qui souvent ne nous ont jamais servi.  Il sait aussi que le futur est un point au loin, mais avons besoin de nous accrocher à un but. Sinon, à quoi je sers ? Qu’est-ce que je fais ici ? A quoi sert tout ça ? Et d’ailleurs qui suis-je ?

La conscience. Toute la conscience. Rien que la conscience. C’est la conscience qui savoure le présent. C’est la conscience qui s’éveille dans l’immédiateté sans appui sur le passé suranné et sans s’étourdir d’un futur toujours mouvant. L’importance de l’instant est totalement ICI. Nous ne vivons réellement et pleinement qu’ici. Car ici c’est le monde de la lumière, de la vérité, de l’éternel instant. Ici pas d’excuse, pas de refuge, pas de faux-fuyants. Ici je suis face à moi-même, face à ma réalité, et c’est bien cela que je veux éviter à tout prix.

Lors d’une visite d’une église en France, je lies conversation avec le prêtre. Il me propose de me confesser sur place. Je le remercie : « Mon père, je me confesse chaque jour à ma conscience qui est bien moins tolérante que vous, je vous l’assure. »