La perte de conscience

 

Par quel processus pouvons perdre conscience de nous-même. C’est à dire, ne plus être ici et maintenant. Perdre contact avec le réel, avec l’action, avec la présence.

Pour squatter un bâtiment, pour que ceci soit possible, pour le mettre en place, il faut d’abord qu’il soit abandonné ou non surveillé. C’est exactement ce qui se passe en nous lors d’une perte de conscience. Mais comment ça marche ?

Cet abandon peut se définir par une suite d’approfondissement d’états erronés s’étalant en trois étapes bien distinctes dans notre faille de vigilance.

L’identification

Nous sommes constamment attirés par des stimulis extérieurs. Ils sont captés par nos sens physiques afin de nous apporter les informations nécessaires à notre survie dans le monde matériel. Ces informations sont utilisées par notre conscience et par nos instincts.

Les spécialistes du marketing et de la publicité ont très bien décrypté ce mode de fonctionnement. Dans l’identification, notre focus se mobilise sur un seul objet, personne, idée, situation qui va devenir notre point de mire. A ce stade, nous perdons déjà de vue notre activité immédiate, ce qui explique certains accidents domestiques, de travail ou de voiture. Qui d’entre nous ne ce n’est pas levé de table pour chercher le sel est revenu sans ?

Combien de fois nous sommes nous retrouvé au magasin sans savoir ce que nous cherchions ? Dans l’identification, le flux notre vie va s’arrêter net. Une force impérative va diriger toute notre énergie vers ce but. Car le secret de la manœuvre, c’est l’énergie. Vivre, réagir, poser des actions nous coute bien sur de l’énergie, mais elle est contrôlée et entretenue. Mais l’énergie perdue lors de l’inattention est bien plus importante, car elle est inconsciente. Et ce qui est inconscient est bien plus lourd au niveau de la fatigue ou de l’effort mental. Au moment du focus sur la cible, un nouvel acteur va entrer en jeu, le désir. Il va complètement investir le mental et en prendre possession. La cible va devenir un être ou objet non plus extérieur et anodin, mais bien un être, objet digne d’intérêt. Et le désir à travers le mental va argumenter son besoin de le posséder, de jouir, de contrôler. Sa beauté, sa présentation, ces couleurs, le futur plaisir procuré, le prestige, la facilité, la nouveauté, la rareté, la jalousie, tout va concourir à ce que ce désir de plus en plus présent devienne un véritable besoin immédiat.

La fascination

Ce deuxième stade est plus lourd et plus inconscient. Il implique une perte de vigilance complète. Nous ne sommes plus du tout en rue, en voiture, au travail. Nous perdons pied dans la réalité pour entrer dans la dialectique du désir et écouter puis croire ces arguments que nous allons faire nôtre sans nous en rendre compte. Tout autre préoccupation s’efface devant la nécessité de posséder l’objet de notre désir, il nous le faut. Comment avons-nous pus vivre sans cela ? Cela fait si longtemps que je le cherchais, tout le monde va me voir, avec ça c’est sûr que je vais réussir, être heureux, complet…etc. C’est une vraie chanson psychologique qui se met en place à grand renfort de souffrances retenues, de frustrations anciennes et de besoins inassouvis enterrés dans notre inconscient qui d’un coup sortent de l’hombre et s’en donnent à cœur joie. Maintenant la perte de contrôle est totale. Nous ne sommes même plus dans notre corps. Nous sommes murs pour le dernier stade.

Le rêve

Cet objet de notre désir sous forme d’idée persistante va subir une mutation profonde et se transformer en une vision, une matérialisation en notre mental et devenir un vrai film dans le quel nous tenons le premier rôle. Nous allons projeter une énergie importante dans notre imagination pour créer un songe, une illusion, un rêve. Nous rêvons debout que nous sommes vraiment dans la situation de posséder, de jouir, de l’utiliser. Nous nous voyons le faire. Je conduis cette voiture, je danse avec cette femme, je porte cette robe, je tiens ce téléphone, je suis sur cette plage, je mange ce gâteau. Là nous perdons beaucoup d’énergie mentale et émotionnelle. Ces rêves sont tellement puissants que nos sens sont dirigées par notre état erroné. Nous pouvons gouter ce café à la télé, sentir le parfum de cette femme sur la photo, entendre le moteur du bateau dans la vitrine. C’est un véritable processus de possession. L’être que nous sommes à complétement disparut au profit d’un fantasme, une illusion, un fantôme.

A chaque étape de ce processus, nous pouvons reprendre la main, le contrôle de nous-même. Il suffit de le vouloir, de redevenir conscient et le rêve se dissipe. Nous revoilà ici et maintenant.

Jusqu’à la prochaine identification.

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